Nan Goldin est une photographe américaine qui
grandit dans le Maryland, dans une famille bourgeoise. À quinze ans elle
s’initie à la photographie, poussée par un de ses professeurs à Boston où elle
intègre l’Ecole des Beaux Arts. Elle rencontre ainsi le photographe David
Armstrong, drag queen : elle côtoie alors un milieu marginalisé et le
photographie tout au long de sa vie. « Ce
qui m’intéressait le plus c’est de photographier le comportement physiques des
gens, leur sexualité, leur identité sexuelle. Dès le début de mon travaille sur
les travestis, je les percevais déjà comme un troisième sexe ».
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© Nan Goldin |
Brutes et sans fard, ses images confrontent le
spectateur à l’intime, au dérangeant, sans pour autant tomber dans le voyeurisme.
Comme par effraction dans un monde en marge, son regard décèle la vie telle
qu'elle est, sans censures. Intéressée par le comportement physique des gens,
l’artiste travaille principalement sur les thèmes de la drogue, la violence, le
sexe et l’angoisse. Elle rend compte de la richesse humaine à chaque instant, à
portée du regard. En sublimant l’intime, elle photographie la douleur et la
difficulté de survivre. En effet, ses clichés soulignent un passé
difficile : une vie marquée par le suicide de sa sœur. « J’ai
commencé à prendre des photos à cause du suicide de ma soeur. Je l’ai perdue et
je suis devenue obsédée par l’idée de ne plus jamais perdre le souvenir de
personne. »
Ses photographies sont à l’image de sa propre vie : spontanée et impulsive.
Ce sont des images prises sur le vif. Elle ira même jusqu’à se photographier
peu après avoir été battue par son petit ami de l’époque. Des blessures qui
auraient pu lui faire perdre la vue.
La
musique aura touché Nan Goldin. Elle séjourne à Londres et se familiarise avec
la culture Punk et la tendance « no future » des groupes comme les Sex
Pistols et Clash. Nan Goldin a vécu à New York dans un quartier populaire,
travaillant en tant que barmaid. Ainsi elle a commencé à exposer ses
photographies. Les projections des premières versions du diaporama de la
« Ballade » au Rafiks Underground Cinéma, au Mudd Club ou au Maggie
Smith's Tin Pan Alley de Times Square intéressent les organisateurs de
festivals et les musées en quête de talents et de vision neuves.
La photographe passe du noir et blanc à des couleurs
saturées plongées dans une lumière artificielle. Elle joue sur l’éclairage, et
attribue à ces clichés une grande sensualité, mêlant le fond et la
forme. « Pendant des années mon
travail a traité de la dépendance sexuelle (…) je suis obsédée par le fait
qu’on puisse être attiré par quelqu’un qui ne vous convient pas tant sur le
plan affectif que sur le plan intellectuel ». Derrière
un sombre décor, elle réussit à rendre hommage à la beauté et à la nature humaine.
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© Nan Goldin |
L’artiste vit à présent entre Londres et Paris.
Lauréate du Prix Hasselblad en 2007, elle expose à Arles et au jeu de Paume. En
2001, elle présente « Nan Goldin, le feu follet » au Centre Pompidou.
Elle raconte l'histoire de sa vie noctambule au coeur de la contre-culture américaine.
Dernièrement, en septembre 2013, Sabine Lidl retrace
le parcours de Nan Goldin dans son documentaire « I remember your
face » lors du 9ème festival de Zurich. Pour ce portrait, la
réalisatrice revient sur le passé sulfureux de Nan Goldin, une artiste atypique
qui n’est pas prête de s’assagir. Elle sort son nouveau livre Eden and After en mars 2014 où elle
photographie les enfants de ses amis de leur naissance à l’adolescence.