dimanche 23 mars 2014

Dorothée Smith


« je photographie pour composer des fantômes »



Dorothée Smith est née en 1985 et étudie en khâgne puis obtient un master de philosophie
contemporaine à la Sorbonne avant d'intégrer l'Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles. Résidente du Fresnoy en 2010, elle explore la question du genre et du transgenre à travers ses séries de photographies et installations vidéo. Elle mêle portraits de beautés androgynes à des photographies de paysages mystérieux dans sa série « Löyly », qui signifie « vapeur » en finnois. Elle évoque la transformation de la matière en relation avec l’identité sexuelle.

Son travail consiste en une observation des constructions, déconstructions et performativités : elle mène des recherches sur l’identité en échappant à toute catégorisation et fascine. Elle soulève des questions importantes en photographiant avec douceur ses portraits. « Dorothée Smith invente son propre mode d’exister et son propre univers, crée une écriture photographique singulière, tandis qu’elle joue de ses avatars sur la toile, construit un véritable réseau protéiforme et amical où se retrouvent les corps qui hésitent entre le masculin et le féminin, les identités suspendues, en devenir. La question originaire est celle du passage, du transit, de la transition. De l’entre-deux, cet espace inassignable et indéterminé qui ouvre à tous les possibles. »

La jeune photographe et vidéaste s’interroge sur la notion de féminité et prend des clichés de femmes transgenres, des personnes à l’identité trouble, ambiguë qui ne permettent pas de les assigner à un genre. Dorothée Smith abandonne cette notion de binarité du genre. Elle présente son projet « C19H28O2 » (Agnès) en alliant vidéo et sculpture. « L’identité est le résultat d’un travail en interaction entre celui qui émet les indices de genre et celui qui les perçoit, les ratifie » (Kessler et McKenna). Garfinkel, lui, parle d’idée d’accomplissement car Agnès est une personne hermaphrodite née homme souhaitant devenir femme. L’installation interroge donc la matérialité de la notion de genre sur laquelle repose en grande partie l’ordre social et son organisation (familiale, économique, éducative…). La thématique de l’identité est récurrente dans le travail de Dorothée Smith.

Grâce aux artistes comme Christer Strömholm et son portrait troublant « Jacky », Nan Goldin et son exposition « Heartbeat » ou encore Matthew Barney au Musée d’Art Moderne de Paris en 2003, l’artiste cinéaste et photographe est inspirée. Elle découvre cette dimension de construction de soi en passant par le medium photographique. Aujourd’hui, elle continue à explorer le concept de transition, d’identité et travaille en collaboration avec une équipe de chercheurs de l'Ircica/CNRS.

En 2006, elle participe au Mois de la Photo-OFF à Paris. Elle fonde et dirige le collectif L'Evadée en 2009, et intègre le projet Zerkalo en 2011. Représentée par la galerie Les Filles du Calvaire, elle expose au Musée de la photographie d’Helsinki et au Pavillon Vendôme à Clichy en 2014.






© Dorothée Smith

© Dorothée Smith

© Dorothée Smith